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Éditions Au Diable Vauvert - 523 pages
Présentation de l'éditeur : Mis à la retraite sur requête du bureau ovale, le général de division Geoff Tyler se voit proposé par l’ancien secrétaire général des Nations Unies de reprendre du collier à la tête d’une armée privée financée par des célébrités de toutes obédiences. Son objectif : renverser le dictateur d’un État africain, soutenir le gouvernement transitoire le temps de la rédaction d’une constitution démocratique, et permettre la tenue d’élections en bonne et due forme. Ses moyens : à lui de les définir, l’argent n’est pas un problème. Son effectif : Un encadrement d’une centaine de professionnels et 10 000 soldats dont il faut parfaire la formation. Jusqu’ici tout va bien. Il y a toutefois un détail. Cette armée est presque exclusivement constituée de LGBT. Lesbian, Gay, Bi, Trans.
Ma note :
Broché : 20 euros
Ebook : Tome 1 gratuit - Tomes 2 à 8 à 0,99 euros
Ebook version complète disponible le 2 mai 2013 : 7,99 euros
Un grand merci aux Éditions Au Diable Vauvert pour m'avoir offert l'opportunité de découvrir ce livre en avant-première.
Attention, coup de coeur. Énôôôrme révélation ! La découverte de ce prodige signé Ayerdhal dont je n'avais jamais encore croisé le nom alors même qu'il est l'auteur de plus de vingt romans, deux fois lauréat du Grand Prix de l'Imaginaire et récompensé en 2011 par le Prix Cyrano pour l'ensemble de son oeuvre, m'a convaincue de me plonger sérieusement dans la bibliographie de ce lyonnais.
Rainbow Warriors n'est pas un simple page turner. C'est LE livre à ne manquer sous aucun prétexte. Derrière un pitch loufoque d'un point de vue hétéro-macho - une armée de 10 000 "gouines, pédés, à voile et à vapeur et... euh... trans" (Général Geoff Tyler) pour renverser une dictature africaine ! - se cache un féroce chef-d'oeuvre d'humour et d'impertinence politique.
Du rire aux larmes, de la comédie au drame, de la légèreté à la profondeur, l'on passe par tous les états à la lecture de cette satire inclassable. D'une intelligence constante, elle amène à réfléchir sur la nature humaine, l'ingérence militaire sous prétexte humanitaire, la solidarité à l'échelle mondiale, la défense inconditionnelle des droits de l'Homme, etc. Critique unique en son genre, elle ravira les inconditionnels de la géopolitique, de la stratégie militaire ou des services secrets et ne manquera pas de glacer de vérité les béotiens tel que moi en les faisant passer de l'autre côté du miroir aux alouettes.
Et si l'on décidait d'être lucides ? Et s'il suffisait de croire à la liberté pour que le monde change ? Plus que jamais inscrit dans l'actualité à l'heure où une frange fangeuse de la population cherche à priver du droit à l'amour une autre partie de la population, Rainbow Warriors, écrit façon 99 francs de Beigbeder en utilisant de faux noms dissimulant à peine ceux de personnes bien réelles, est un bijou littéraire comme il y en a peu, dont on sort grandi intellectuellement et humainement. Un lieu commun n'est pas coutume : OLNI à lire de toute urgence !
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Extraits :
À toutes celles et à tous ceux qui, partout dans le monde, sous prétexte de leurs préférences sexuelles ou de leur genre, qu'ils aient choisi celui-ci ou pas, sont privés du droit premier de la Déclaration universelle des droits de l'homme. "Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité."
...
C'était en Amérique centrale, lors d'une de ces guerres que les livres d'histoire ne nomment pas, dans laquelle le Pentagone tait que des soldats américains étaient engagés, dont les médias n'ont jamais dit que la plupart d'entre eux ne sont pas revenus. Ce n'est pas que personne ne sait, c'est que personne ne veut savoir. Dans les vallons du cimetière d'Arlington, la guerre a ce goût depuis que Roosevelt est mort : quand on l'appelle par son nom, c'est pour cacher qu'on se livre à l'annexion. Le temps de prendre une déculottée, comme au Vietnam, ou de mettre un gouvernement de paille en place, comme partout ailleurs.
...
On peut manipuler les peuples, pas décider de leur destin.
...
LGBT. Maintenant Geoff sait ce que cela signifie. Lesbian, gay, bi, trans, même s'il dirait plutôt gouines, pédés, à voile et à vapeur et... euh... trans, parce qu'il manque un petit peu de vocabulaire sur le sujet. Et ce n'est pas qu'il soit homophobe ou...euh... intolérant, c'est juste qu'il aime bien appeler un chat un chat et que...
...
- Ne vous réjouissez pas. Nous n'en reviendrons pas toutes et celles qui reviendront seront traumatisées et peut-être pas entières. Merde, nous ne partons pas pour une gay pride !
...
Je comprends bien l'utilité des rangers, sergent. Elles sont étanches, solides, antichocs et elles limitent les traumatismes articulaires. Mais, outres que c'est une offense pour l'ouïe sur certains terrains, la vision en toute occasion et l'odorat quand on les enlève, elles sont impossibles à lacer rapidement en cas d'urgence, elles martyrisent l'épiderme, brutalisent la malléole, fatiguent la jambe et mettent à la torture certains ligaments parce qu'elles ne sont conçues que pour la randonnée et la chute des avions. Saperlipopette en latex ! Personne n'a jamais eu l'idée de passer un coup de téléphone aux fabricants de chaussures de ski. Parce que, côté fermeture, modulations de la dureté, changement de l'inclinaison et confort du chausson, ils ont déjà tout inventé. Pour le design, je vous l'accorde, il vaudrait mieux s'adresser à Kenzo.
...
Et ce n'est pas avec les nouvelles arrivantes que le camp va se délurer ! Outre qu'elles sont aussi homos qu'eux, elles ont l'air à peu près aussi drôle qu'un bataillon MLF s'abattant sur une délégation de publicistes venus chercher pitance à la désignation de Miss Univers.
...
Le regard de Koffane plonge dans celui de Tyler. C'est le regard d'un homme qui connaît l'humanité sous toutes ses facettes et qui a décidé de l'aimer quand même.
...
In G, I billow like a light sail
On the mast that makes up ship
When, together we are on the trail
That makes our love spring from the deep
But in the streets I cannot kiss your lips
Big Brothers watch us and see great rips
No desire, no brain, no sex control
No gender, no choice ; no love control
We don't need your permission
Choir : You don't have to authorize
We don't need legislation
Choir : You don't have to legislate
We don't need to be released
Choir : You don't have to liberate
We don't need to be included
Choir : You don't have to reinstate
We don't need to be absolved
Choir : You don't have to absolve us
Being Human is not a right
Nor a privilege, nor a fight,
L.G.B.T. are a few letters
In humanity's great book
On which you just may have a look
But don't decide what mankind prefers
In B, my hands play on both keyboards
To accompany baritone
Or soprano until explosion
My way is swinging on all the roads
But AC/DC may not be persons
Big Brothers watch us and see demons
In T, il I just could read the leaves
I would see my desperate loves
Become the pleasure I will receive
And will make me flying like a dove
But we can't have a social existence
Big Brothers watch us and see offence
No desire, no brain, no sex control
No gender, no choice ; no love control...
...
- L'apparence est illusion. (...) L'apparence, c'est parfois l'illusion que l'on veut montrer, de soi aux autres. (...) C'est l'illusion que l'on se fait de soi-même, la tromperie qui nous arrange, avec laquelle on dérange. (...) L'apparence, c'est surtout ce qu'on voit. C'est ce qui nous plaît ou nous rebute, nous rassure ou nous choque, mais toujours ce qu'on interprète selon notre éducation, notre expérience, nos sentiments, nos croyances, nos certitudes. L'apparence n'est rien. Mais si l'on s'y arrête, sur la foi ou la conviction de nos seules références, les émotions qu'elle provoque peuvent être infiniment dangereuses.